Et si Dionysos était une femme ?

Pour cet article dédié aux femmes du vin et de la vigne, je reprends l’expression de Madame Aurélie Charron-Giguet, dont je recommande les interviews et podcasts.

« Et si Dionysos était une femme ? ».

Si les femmes n’étaient pas toujours les bienvenues au chai ou à la vigne, elles ont dû se retrousser les manches lorsque leurs maris devaient partir à la guerre en menant à bien les affaires du domaine, les vendanges, la vinification, la taille… etc Seules, devant s’imposer auprès d’un personnel pas toujours réceptif aux « ordres féminins, », elles étaient pourtant les chefs d’orchestre de la vigne!

Les noms de Joséphine de Lur-Saluces ou encore Barbe Nicole Clicquot vous disent-ils quelque chose ? La première a été surnommée la « dame d’Yquem », grâce à laquelle le prestigieux vignoble que l’on connaît aujourd’hui existe encore. En effet, à la mort de son mari le comte Louis Amédée de Lur-Saluces, elle prend les rênes de la propriété et en mène la gestion pendant la Révolution française. Quant à la deuxième, mieux connue sous le nom de la « Veuve Clicquot » sera la première femme à diriger une maison de champagne, au XIXè siècle, malgré les réticences de sa belle-famille.

La force et la volonté, sont les principaux traits de caractère de ces passionnées.

Le métier de la vigne est physique, sur ce point les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Et l’histoire nous montre bien le chemin semé d’embûches qu’elles ont parcouru malgré les interdictions légales (en fonction des époques) ou les simples croyances qui poussaient les hommes à leur interdire le chai. Les fluides menstruels avaient pour réputation « magique » de faire « tourner » le vin…

A la fin du XXè siècle on retrouvait plus de femmes à la tête d’exploitations mais encore trop peu, elles étaient plutôt salariées, au poste de responsable oenotourisme ou bien assistantes commerciales. Même le monde des experts du vin est encore très masculin, surtout lorsqu’on regarde les noms des dégustateurs professionnels.

La femme pionnière dans ce domaine est Jancis Robinson – considérée comme la critique la plus reconnue dans le monde grâce aux réseaux sociaux, et surtout à sa persévérance !

Même le monde de la sommellerie est en train de changer et de se féminiser.

Aujourd’hui on dénombre un peu plus de 12700 vigneronnes sur le terriroire français, des femmes d’affaires, menant des équipes au sein de leurs propriétés tout en étant mamans pour certaines.

Beaucoup d’associations voient le jour, des clubs de dégustations œnologiques féminins… Ladies Wine et Rouge aux Lèvres en sont deux exemples que j’aime particulièrement.

Le statut féminin évolue mais a encore beaucoup de chemin à faire pour être reconnu à sa juste valeur dans le domaine viti-vinicole, que ce soit dans les exploitations, ou au niveau commercial, mais de nouvelles générations de néo-vigneronnes arrivent et marqueront certainement le commencement d’une nouvelle ère et d’un aboutissement, par le travail de ces femmes accomplies dans leur passion : le vin !